Pour passer à l’action

→ Ce que l’on voit : 

Cette affiche montre au premier plan un groupe de jeunes occidentaux ramassant des déchets dans une rivière tout contents.
En remontant à la source des déchets on s’aperçoit que ceux-ci proviennent d’Europe. L’action des volontaires semble ainsi paradoxale : aller dans un autre pays ramasser des déchets qui proviennent des pays occidentaux. 

On voit dans le fond un groupe de personnes résidentes du pays, devant un hôpital. On peut se demander si leur besoin le plus urgent ne serait pas de le rénover et d’avoir davantage de moyens pour le personnel médical par exemple.

Loin d’être mal intentionnée, on peut se poser la question de l’impact de l’action des volontaires : 

  • Les jeunes occidentaux sont manifestement les seuls à ramasser les déchets : l’action prévue comprend-elle un échange et une rencontre avec les communautés locales ? Leur non-participation laisse présager qu’elles n’ont pas été consultées quant à leur besoin réel.
  • Une fois récoltés, comment vont être traités ces déchets localement ? Le paysage ne nous laisse pas deviner s’il y a les infrastructures suffisantes dans le pays pour gérer cette masse de déchets. De plus, des filières de tri et de recyclage des matières existent-elles ? Cela ne risque-t-il pas d’ébranler l’économie informelle du recyclage et le travail des “récupérateurs” ? 
  • Plus loin encore, l’impact carbone engendré par le trajet effectué par les jeunes risque d’impacter davantage les communautés locales présentes ici – due à “l’injustice climatique” du dérèglement climatique dans le monde. Les kilos de déchets ramassés à l’autre bout du monde ne seraient pas une compensation suffisante.

→ Le message de l’affiche :

Cette affiche a pour but de sensibiliser au néo-colonialisme.

Le néo-colonialisme, en particulier dans le cadre des projets dits “humanitaires” réalisés par des jeunes occidentaux fait référence à une forme contemporaine de domination héritée du passé colonial des puissances occidentale quand bien même les projets sont motivés par de bonnes intentions.

En effet, les jeunes occidentaux, souvent issus de pays plus riches et développés, arrivent avec des ressources, des compétences ou des connaissances qu’ils supposent inconsciemment supérieures à celles des communautés locales. Cette approche peut perpétuer l’idée que les pays en développement dépendent de l’aide et des solutions venues de l’extérieur, plutôt que de valoriser leurs propres ressources, savoir-faire et solutions. L’aide “humanitaire” parait souvent nécessaire car les pays sont considérés comme “sous” ou “mal développés”. Cela laisse entendre que le seul modèle à suivre serait celui des pays occidentaux et que toute aide, même de personnes non qualifiées et que ce sera toujours “mieux que rien”. Cette réflexion retire aux populations locales le droit de décider pour elles même et les maintiens en position d’objets passifs. Ces mécanismes de pensée sont également dû au “complexe du sauveur blanc”  (voir affiche 1).

Les projets de volontourisme, qui s’inscrivent dans des mécanismes néo-coloniaux, l’expérience apparait comme inégale pour les parties concernées. D’une part les volontaires tirent souvent de ces séjours une expérience riche à partir valoriser dans le cadre professionnel ou social. De l’autre côté, les populations locales reçoivent une aide temporaire, souvent non durable. Ainsi, le manque de considération des populations locales à l’origine du projet empêche que celui-ci soit pertinent et réponde réellement à des besoins. Les solutions proposées sont souvent externes (copiées de l’occident), et ne correspondent pas aux réalités économiques ou culturelles.

Dans notre affiche l’utilité semble relative (les ressources humaines et financières allouées à ce projet doivent être considérées en rapport avec son efficacité pour en faire une évaluation correcte). 

 

En résumé le néo-colonialisme dans les projets humanitaires réalisés par des jeunes occidentaux se manifeste par la persistance d’une relation d’inégalité entre ceux qui « aident » et ceux qui sont « aidés », souvent sans questionner les causes profondes des problèmes ou valoriser les capacités locales. Pour éviter cela, il est crucial que les projets soient menés dans une démarche de partenariat égalitaire, avec une écoute active des besoins des communautés locales et un respect de leur autonomie.