Pour passer à l’action

→ Ce que l’on voit : 

Cette image représente une publicité pour un “voyage humanitaire” à faire pendant l’été pour “seulement 2000 euros”. On comprend qu’une des actions de ce projet est de réaliser une fresque avec des enfants, dans ce qui peut être un orphelinat ou une école.
En dessous, les personnes blanches venues en mission repartent sur la droite, laissant un enfant seul et triste. La fresque est repeinte en blanc au milieu pendant que d’autres volontaires arrivent par la gauche. Ainsi l’action va pouvoir recommencer indéfiniment.

Ici, l’affiche dénonce les fausses missions de volontariat qui ne sont pas conçues pour répondre à un besoin local, voire qui peuvent aggraver les situations sur place.
Par exemple au Cambodge, le nombre d’orphelinats a été multiplié par 6,7 entre 1979 et 2016, passant de 7000 à 47000 (en 2016). Selon l’Unicef, 74% des enfants n’y sont pas orphelins mais sont en réalité retirés à leurs parents. Les annonce de “volontariat dans un orphelinat au Cambodge” permettent un afflux de personnes de bonne volonté venues d’Occident ainsi qu’une manne financière pour les structures gérant les volontaires et les orphelinats.
Tout est fait pour encourager les jeunes occidentaux dans le “complexe du sauveur blanc” en jouant sur leur bonne volonté, des clichés racistes ancrés et une volonté de vivre une expérience forte facilement. Les volontaires ne reçoivent ainsi pas de formations spécifiques pour occuper des fonctions qu’ils·elles n’auraient pas en France. On n’entre pas dans un orphelinat français facilement juste pour passer un après-midi avec des “enfants pauvres”.

→ Le message de l’affiche :

Ici l’affiche dénonce la marchandisation du volontariat.

La marchandisation du volontariat (ou volontourisme) désigne la transformation du volontariat, en une activité lucrative et commerciale. A l’origine une démarche d’engagement, le volontariat peut devenir un produit vendu à des jeunes occidentaux qui paient pour participer à des missions “humanitaires” à l’étranger. 

France Volontaires définit le volontourisme comme ceci “Forme de tourisme conjuguant voyage et engagement volontaire, le volontourisme promet à des individus désireux de s’engager pour une cause, la découverte de nouvelles cultures tout en venant en aide à des communautés locales. Si les intentions de départ paraissent louables, dans les faits, des organisations proposent des séjours payants dont le modèle économique repose sur les profits tirés de cet engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général. Jouant sur la quête de sens des personnes en désir d’engagement, ces pratiques dérogent aux principes de qualité du volontariat. Cette “marchandisation” du secteur du volontariat entraîne des dérives dont les effets peuvent être plus ou moins graves pour les communautés d’accueil comme pour les personnes participant à ces séjours.”

Comment reconnaitre ces fausses missions de volontariat : 

  1. Aspect commercial : Elles sont proposées par des agences spécialisées dans ce genre d’expériences. Le volontariat est présenté comme un séjour dans un hôtel all inclusive, le prix inclut l’hébergement, les activités et l’organisation de la mission. La mission est présentée comme clé en main, aucun contact entre les partenaires internationaux et les volontaires n’est proposé en amont.
  2. Impact limité : Le volontourisme est souvent critiqué pour son manque d’efficacité à long terme. Il peut parfois nuire aux communautés locales en privilégiant l’expérience du volontaire plutôt que les besoins réels sur place, comme dans l’exemple des orphelinats au Cambodge. Les actions menées sont souvent superficielles ou mal adaptées.
  3. Renforcement des inégalités : En mettant l’accent sur les volontaires étrangers (souvent blancs et privilégiés), la marchandisation du volontariat peut reproduire des dynamiques de pouvoir néocoloniales. Les populations locales sont parfois vues comme des objets de charité, et non comme des acteurs·ices capables de résoudre leurs propres problèmes. Cette vision néocoloniale rejoint le concept du “sauveur blanc”. Aucun accompagnement des volontaires n’est fait en amont de la mission pour les aider à travailler sur leurs motivations.
  4. Exploitation de la misère : Certains acteurs commerciaux tirent profit de la pauvreté, en attirant des volontaires avec des images de souffrance ou des causes « nobles », sans que les bénéfices du volontariat n’atteignent vraiment les communautés locales. Combien des 2000 euros de frais de mission sont reversés aux parents des faux orphelins ?

Dans le cadre de projets avec des enfants, en particulier dans des orphelinats, le turn over fréquent des jeunes occidentaux peut avoir de lourdes conséquences psychologiques pour des enfants ayant déjà un traumatisme d’abandon.

En résumé, le volontourisme transforme une démarche a priori désintéressée en un marché où des entreprises ou des organisations vendent des « expériences humanitaires » aux personnes cherchant à allier voyage et contribution sociale, souvent au détriment des bénéficiaires.

Pour aller plus loin

https://www.radiaid.com/

https://france-volontaires.org/attention-au-volontourisme/

https://www.globalong.com/blog/stop-volontourisme-tourisme-voyage-volontariat-humanitaire-attention/

https://helloplanet.tv/actualites/le-volontourisme-ou-lexotisme-de-la-misere/ 

https://www.youtube.com/watch?v=g97yecvhfx4/